Après 4 ans de rénovation du voilier nomade et de vie à bord nous partageons aujourd’hui notre expérience … Nous allons faire le point sur ce qui nous paraît important pour vive en harmonie avec la nature et respecter notre environnement.
Gagner en autonomie
Au-delà de l’autonomie énergétique, il faut se prémunir en eau, nourriture, carburant, médicaments, outils et matériaux divers pour pouvoir bricoler.
Faire maison, se débrouiller : construire, retaper ou tout simplement entretenir un voilier soi-même permet d’acquérir des compétences en mécanique, électricité, plomberie, menuiserie, couture…
Alors faisons ensemble un tour du bateau….
Réduire ses déchets : Pour réduire ses déchets, il faut d’abord réduire ses achats. En cela, la vie sur le Nomade est aidante, car elle éloigne des villes et des tentations de surconsommations. Nous achetons très peu de biens de consommation comme les vêtements, le linge de maison, produits ménagers etc…) car tout simplement nous n’en avons pas besoin et n’avons pas la place pour les stocker. Nous essayons de réparer tout ce que nous pouvons ou de trouver une seconde vie aux objets. Nos principaux achats concernent l’entretien du bateau et l’avitaillement alimentaire…
L’avitaillement alimentaire. Ils s’avèrent gourmands en emballages. Si l’on ne prête pas attention à la gestion des déchets et que l’on navigue pendant de longues périodes dans des zones sans installations portuaires ou même sans village où les déposer, le stockage des ordures devient un gros problème. Nous optons pour l’achat en vrac en utilisant nos propres contenants ce qui nous parait être du bon sens.
Et donc….
S’alimenter : Nous privilégions les produits bio, locaux et de saisons. Nous faisons nos propres bocaux de réserves selon les produits de saison. Nous faisons notre pain, confitures, compotes et gâteaux.
Cueillette de mûres sauvages pour confectionner de bonnes confitures
Le frigo :
Nous avons créé notre propre frigo avec une isolation mousse haute performance de 10 cm d’épaisseur. Il nous permet de stocker nos aliments quelque soit la saison .
Le four et le gaz :
Le four est fixé par son axe (four sur cardan) La bouteille de gaz est dans le coffre du cockpit. Nous avons opté pour le grand format que l’on arrive plus facilement à remplir ou à échanger que les petites Camping-gaz (impossible dans beaucoup de pays). Une fois remplie la bouteille nous dure 2 à 3 mois environ. Nous en avons une d’avance en cas de pénurie.
La pêche :
Une ligne montée d’un leurre et d’une mitraillette, une planchette type os de seiche. On déroule la ligne, et on laisse la ligne pêcher seule, ça laisse le temps de faire autre chose à bord. Le maquereau est un poisson assez tolérant sur la vitesse. Quand on navigue entre 2 et 6 nœuds, il daigne venir goûter à nos leurres. Nous avons également une canne à pêche, plus simple quand on est au mouillage…
Maquereau du jour Rillette de maquereau hummm
Faire ses produits ménagers et cosmétiques bio :
Nous n’avons pas besoin d’avoir une multitude de produits à bord. Pour les produits ménagers, nous utilisons du bicarbonate de sodium, du vinaigre blanc et des huiles essentielles. Pour la cosmétique : De l’argile – du bicarbonate – des huiles végétales – des huiles essentielles.
Crème visage grand froid à base de produits issus de l’agriculture biologique
Pour laver le linge :
Nous essayons un maximum de laver le linge à la main en escale pour économiser nos réserves d’eau ou d’utiliser les laveries qui sont mises à disposition dans les ports (cependant assez couteuses). Pendant des plus longues navigations, nous avons très peu de linge à laver et le peu se lave à l’eau de mer pour un premier lavage et un rinçage rapide à l’eau douce. Pour faire sécher le linge c’est sur les filières.
L’énergie :
Panneau solaire :
Monté sur un portique en inox de construction artisanale (merci à Alain), le panneau est articulé de manière à capter un maximum de soleil. Nous disposons d’un panneau de 140 W qui fournit largement par grand soleil toute la consommation de bord comme le frigo, les appareils de navigation, l éclairage du bateau intérieur et extérieur.
Gestionnaire d’électricité de bord Gestionnaire du panneau solaire
Le chauffage :
Nous avons opté pour un chauffage au gasoil. C’est un chauffage à air pulsé, il consomme le gasoil du réservoir principal et l’électricité des batteries. De l’air frais aspiré à l’extérieur est chauffé par contact avec la chemise d’une chaudière à gasoil. Il est ensuite poussé par un ventilateur dans le bateau. L’air de combustion et l’échappement de la chaudière se font par un circuit totalement séparé. Le bateau est rapidement réchauffé dans son ensemble et sèche plutôt bien. Le débit d’air chaud est réglable.
L’eau à bord :
Nous disposons de deux réservoirs de 2 fois 50 litres à l’avant sous la couchette et au centre un réservoir de 150 litres. Soit un total de 250 litres. On peut tenir environ 30 jours, ce qui fait une conso moyenne de 3 litres d’eau par jour et par personne pour cuisiner, rincer la vaisselle et faire une toilette tous les jours. En comptant les 70 litres d’eau douce à boire répartie dans le cockpit dans des jerricans de 10 litres. Nous avons également installé une pompe à pied d’eau de mer, que nous utilisons pour la cuisson de certains aliments et au lavage de la vaisselle. Nous réfléchissons actuellement pour fabriquer un système de récupération de l’eau de pluie…
Le régulateur d’allure :
Outil indispensable au voyage lorsqu’on choisit l’économie d’énergie plutôt que le suréquipement, notre régulateur barre dans quasiment toutes les conditions. Il garde le cap en maintenant un angle constant entre le vent et notre trajectoire. Nous devons ainsi le régler à chaque changement de direction du vent. Entièrement mécanique, il ne nécessite pas d’énergie (contrairement au pilote automatique classique) quand le vent est suffisamment fort et a peu de chance de tomber en panne
Vous l’aurez compris c’est à la force du vent que nous essayons un maximum d’avancer, non polluante et gratuite..
Sur cette photo, vous voyez à l’arrière le régulateur BEAUFORT et le pilote électrique en noir relié à la barre franche.
Le pilote électrique :
Un petit pilote automatique nous est quand même indispensable. En effet, le régulateur fonctionne moins bien par vent très faible, surtout au portant et ne fonctionne pas du tout sous moteur (le vent n’est plus assez fort pour faire incliner la pale aérienne). C’est donc très souvent nous qui prenons le relais ou notre pilote surtout pour faire des manœuvres. Utilisé que dans des petites conditions, il consomme très peu d’énergie et ne fatigue pas..
Réfléchir au transport :
Vivre en voilier, c’est aussi ne plus avoir de véhicule motorisé. Lorsque nous sommes en escale, nous nous déplaçons le plus souvent à pied, à vélo….
Rythme et sommeil
En grande croisière, nous marchons à une vitesse moyenne de 5 nœuds. Cette apparente lenteur offre un temps précieux pour se reposer, cuisiner, penser à ses proches, observer, s’émerveiller, échanger, lire, écrire, dessiner, écouter de la musique, faire du sport.
Néanmoins, certaines navigations sont plus musclées et n’autorisent pas de longues plages de repos. La nuit, nous faisons des quarts de 3 à 4 h à tour de rôle pour surveiller la bonne marche du voilier et veiller les autres bateaux alentour. Le sommeil s’en trouve fractionné. Pour autant, au bout de deux nuits consécutives, nos organismes s’y habituent sans peine et nous ne subissons aucun trouble particulier du sommeil ou une fatigue supplémentaire.
Le contact permanent aux éléments aide le corps à intégrer les changements météorologiques et de saison. Le bleu, le vide, le silence, tout ceci appelle à la contemplation, permet d’évacuer le stress et d’accéder à une harmonie exceptionnelle avec son environnement et ses émotions. Ecouter l’eau qui caresse la carène, voir nos amis les dauphins, baleines, regarder les oiseaux au loin, contempler les étoiles, admirer les levers et couchers du soleil, s’émerveiller en voyant le plancton lumineux tout autour de nous…
Auteur : Muriel Bapst
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